La conférence des Trois

Le volcan balkanique

En ce qui concerne les Balkans, les positions des puissances sont, en principe, établies. M. Churchill n'en a pas fait mystère dernièrement aux Communes. Un partage d'influence a eu lieu. À la Russie la Bulgarie et la Yougoslavie. À l'Angleterre, la Grèce et – car sa position sur l'Adriatique en fait un prolongement des Balkans – l'Italie. Mais cet accord ne règle pas – du moins semble-t-il – le point le plus délicat, le nœud de la question : le statut de la Macédoine et plus spécialement de Salonique. En effet, c'est le lieu exact où se heurtent les politiques traditionnelles de l'Angleterre et de la Russie. La Russie veut atteindre, au moins politiquement, la mer Égée, car, la mer Égée, c'est déjà la voie libre, et la Russie est comme enclose entre des mers fermées : Baltique, mer Noire, et la Yougoslavie, où on lui reconnaît l'influence dominante, donne aussi sur une mer fermée, l'Adriatique. Mais l'Angleterre a un intérêt capital, pour ne pas dire vital, à garder la prépondérance sur la Méditerranée orientale. C'est, en effet, la route des Indes.

Or la question de la Macédoine vient d'être portée à l'extrême de son acuité par le fait que le maréchal Tito a déclaré l'autonomie de celle-ci au sein de la Fédération balkanique qu'il constitue. Il faudra qu'à la conférence des Trois Churchill et Staline s'entendent sur ce point.

On parlera aussi de la Perse et de l'Afghanistan, autre point de friction entre l'Angleterre et la Russie au contact des Indes. Dernièrement la presse russe y annonçait des troubles et attaquait des éléments en qui les Anglais semblent avoir mis leur confiance.